By Kiely Barnard-Webster
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Cette semaine, RCN J&D – exécutants du programme de CAASDI – a parlé avec moi en ce qui concerne les éléments du blog « les femmes sont-elles moins corrompues ? ». Ces deux praticiens, Longin (Chef d’Antenne) et Patricia (Chargée du Projet), possèdent une connaissance énorme du secteur de justice criminelle, en tant qu’un ex-juge burundais, et une avocate pratiquante de RDC. Ils travaillent en ce moment avec un réseau anti-corruption d’acteurs judicaires à Lubumbashi en RCD.
Au cours de notre conversation il était important pour moi d’apprendre si, et comment, les histoires et les défis de ma revue sont expérimentés dans le contexte de Lubumbashi. Longin et Patricia ont affirmé qu’il y avait des arguments généraux, pertinents à Lubumbashi. Cependant, durant l’interview leur désir à creuser plus profondément était clair ; après plus d’une heure de conversation nous avions fait notre chemin à travers seulement la moitié des questions ! Il était tout à fait évident qu’il reste plus encore à être connu. Pourtant, ils ont partagé leur expérience de la façon dont ces questions étaient venues à passer tout au long de leur travail à Lubumbashi. L’équipe a clairement exprimé leur frustration avec la discrimination et l’effet négatif de « sextorsion » (l’extorsion de nature sexuelle) sur les rôles de genre de la société – ainsi que leur motivation pour le changement. Voici ce qu’ils ont dit.
Kiely: Quelles sont les façons dont les femmes souffrent de la corruption en essayant d’obtenir les services publics à Lubumbashi?
Patricia : « Les femmes sont beaucoup plus intègres que les hommes…en général. Mais, quand la corruption est une action forcée [et fréquemment de nature sexuelle] elles la discutent beaucoup. Et, en retours, elles sont moins-servies que les hommes. Elles sont beaucoup plus réfléchies que les hommes – elles se posent la question ‘pourquoi est-ce que je dois payer?’ Elles souffrent.
Longin : la femme, n’étant pas prompte à donner la corruption exigée, le service lui est rendu difficilement ou lui est refusé. Ayant des revenus ou ressources limitées, elle est tentée à discuter le prix de la corruption et entre temps le service ne lui est pas rendu rapidement. »
Patricia : « oui, et les femmes pensent aussi aux scandales que donner la corruption pourrait engendrer, et ça c’est dans des niveaux assez élevés … comme on voit en politique. Les femmes se poseront beaucoup plus de questions, parce qu’elles n’ont pas suffisamment de revenu à gaspiller avec la corruption [pour accéder aux services publics]. Elles pensent beaucoup plus que l’homme à la famille, aux conséquences pour la famille. [Quand on parle des « conséquences »] de la corruption, c’est la conséquence du point de vue de la famille et du point de vue de la société. Cela ne veut pas dire que les femmes sont toutes plus honnêtes que les hommes et qu’il n’existe pas d’hommes honnêtes! Les femmes sont un peu limitées par la culture ou la perception de la société.
Longin : Attachées à leur intimité, elles refusent de se faire prostituée pour un service public et elles n’obtient pas le service ; et si par extraordinaire elles cèdent, elles obtiennent le service tout en regrettant toute sa vie durant. »
Kiely : De quelles façons les femmes ont des difficultés à accéder aux processus politiques, ou la prise de décision, parce qu’elles sont victimes de la corruption ?
Patricia : « C’est un peu ancré dans la culture. Pour beaucoup, les femmes ont pour rôle de s’occuper du ménage – les femmes ne sont pas appelées aux choses publiques. Et, cela a créé des préjugés. Si on voit une femme briguer un mandat politique, on dit qu’elle se comporte comme un homme en fait. Généralement dans les parties politiques, vous verrez qu’il y a beaucoup de femmes mais il n’y en a pas beaucoup qui occupent de postes de responsabilité. Il y a des candidates femmes mais on n’en voit pas beaucoup qui passent à des postes de responsabilité ou à des ministères importants – il n’y a pas une seule femme qui est passée présidente, ou premier ministre. C’est culturel.
Elles n’ont pas les moyens de corrompe en politiques pour figurer sur des listes des candidats aux élections par exemple parce qu’en politique c’est vraiment des grandes sommes qui doivent souvent être déboursées et les femmes en général n’en ont pas. La loi de la parité existe, mais elle ne sécurise pas suffisamment la femme. Donc du point de vue légal, la parité est consacrée mais il n’y a pas de contrainte pour ceux qui ne la respectent pas »
Longin : « Aussi, si les femmes posent leurs candidatures, elles ne passent pas car elles ne savent pas corrompre faute de moyens et suite aussi au manque d’expérience dans les corruptions politiques (grandes corruptions dans les cercles des grands initiés) ainsi que la peur des scandales. »
Longin : « les hommes avaient une avancée significative. Les femmes ont continué à penser qu’elles doivent s’occuper des activités du ménage et que la politique est réservée aux hommes. Et là, elles se sous-estiment, Quand elles se sous-estiment, elles sous-estiment leurs consœurs aussi. Bien qu’il y en a qui ont fait les études et sont intéressées à la politique, elles sont confrontées au manque de moyens. »
Kiely : Connaissez-vous des approches pour endiguer la corruption par des femmes (en général?)
Longin : « Se constituer en réseautage pour une action collective de résistance à la corruption et la discrimination (un début existe avec le sous-groupe genre et corruption, les organisations féminines comme UCOFEM qui travaille beaucoup plus sur le genre, …). Mais c’est vraiment un aspect stratégique qui mérite d’être approfondi. »
Patricia : «l’autre stratégie, c’est que les femmes doivent aussi se chercher des alliés. Ces alliés vont quand-même soutenir leur cause. Et ces alliés doivent être des hommes œuvrant dans la secteur justice pénale si la lutte concerne la corruption dans le secteur judiciaire par exemple– il faut que ce soit des acteurs judicaires qui évitent la corruption au quotidien. Cette stratégie est ça une manière de combattre la corruption. »
Longin : « Il est important aussi d’avoir ces alliés dans la jeunesse parce que c’est cette jeunesse-là qui sera acquise à la lutte contre la discrimination et la corruption. Et dans les années qui viennent, il y aurait déjà des personnes adultes acquises à cette lutte. C’est avec les mouvements de revendication des droits de la femme et de l’égalité des genres que ces questions ont commencé à être soulevées. Les femmes ont pris les devants, il reste qu’elles cherchent des alliés hommes pour que le rôle de l’homme soit aussi examiné.
Patricia & Longin : [Pour nous] les femmes comme les hommes s’adonnent à la corruption mais à des degrés différents. Ce qui fait qu’elles peuvent être pionnières dans la lutte contre la discrimination basée sur le genre et contre la corruption; il reste qu’elles adoptent la stratégie de conjuguer les efforts avec les alliés hommes et jeunes dans la lutte.
Je tiens à remercier Patricia et Longin d’avoir pris le temps de partager leurs expériences. Avez-vous vu des phénomènes semblables dans votre région? Y a-t-il d’autres questions que vous auriez aimé demander? Veuillez envoyez-nous vos histoires et suggestions!
Restez à l’écoute – la semaine prochaine …
Veuillez l’envoyer un email d’intérêt à Kiely Barnard-Webster si vous voudriez écrire pour le blog (kbarnardwebster@cdacollaborative.org).
About this article
* Cette discussion ne représente pas CDA ou des opinions officielles de RCN Justice & Démocratie. Les opinions exprimées sont uniquement celles des personnes interrogées. *
Patricia travaille pour RCN Justice & Démocratie. Elle est la Chargé du Projet à Lubumbashi, et soutient actuellement les efforts d’un réseau d’acteurs locaux de lutte contre la corruption du secteur de la justice pénale. Elle observe systématiquement les défis auxquels ils sont confrontés dans leurs interactions quotidiennes avec la corruption, et aide le groupe à élaborer des stratégies pour faire face à ces défis.
Longin travaille également pour RCN Justice & Démocratie. Il est Chef du Bureau à Lubumbashi, et travaille en étroite collaboration avec le Réseau des acteurs locaux anti-corruption de coordonner leurs efforts et de soutenir de manière similaire le groupe dans leur lutte contre la corruption.
Photo: Lubumbashi: 1920s Palace of Justice. By Piet Clement – Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=12139768
About the Author
Kiely Barnard-Webster is Program Manager at CDA Collaborative Learning Projects, working on innovative approaches to tackling corruption in the DRC and peacebuilding and conflict sensitivity in Myanmar. Kiely focused her studies on gender and development at the Fletcher School of Law and Diplomacy.